Le travail sur soi, pour quoi faire ?
Je demande souvent aux personnes qui me contactent et parlent de faire un « travail sur soi », si elle ne pense pas travailler assez comme ça le reste du temps.
Savez-vous d’ailleurs ce que veut dire le mot travail ?
Le mot travail vient à l’origine du latin tripalium.
Le tripalium était un instrument de torture qui était utilisé pour dompter les esclaves jugés trop paresseux.
Tripalium devient plus tard tripalyo en latin vulgaire, trebayo à la fin du IVe siècle, trevalyo deux siècles plus tard, puis enfin travail, dès le début du VIIe siècle.
Au XIIème siècle, le mot travail désigne un tourment ou une souffrance physique.
Alors que dire du travail aliénant sur les chaînes de production, de la pression psychologique sur les épaules du commercial qui n’arrivent pas à remplir ses objectifs. Que dire aussi du stress de l’ingénieur obligé de travailler la nuit pour tenir les délais. Mais aussi du désarroi de la caissière de Prisunic qui subit remarques désobligeantes des clients ET de son chef, de l’angoisse de l’artisan qui croule sous les charge sociales…
N’est-pas une torture digne du tripalium?
N’y a t-il donc pas une étonnante contradiction lorsque l’on parle de « travail sur soi » alors que le but est de se libérer de la souffrance et d’aller vers le bonheur ?
Le travail sur soi, une aberration
Comment en effet trouver le bonheur si la démarche consiste à se torturer l’esprit pour comprendre pourquoi nous souffrons.
D’autant plus que comprendre pourquoi nous éprouvons de la colère, de la tristesse ou je ne sais quel autre sentiment négatif, n’a jamais permis de s’en libérer.
Si vous travaillez dans la peine et la contrainte, le résultat de votre travail sera inévitablement teinté de la vibration de cette peine. Alors que si vous exercez votre activité dans la joie et le plaisir, c’est bien du plaisir que vous donnerez aux autres.
L’effort joyeux
Les bouddhistes parlent d’un effort joyeux dans la pratique. Et en effet, lorsque vous vous exercez avec joie, vous en retirez de la joie. Et de vous émane la joie.
De la lutte ne peut naitre que la lutte, de la paix naitra toujours la paix. Trouver le bonheur ne peut donc se réaliser dans une lutte et donc « un travail sur soi ».
Lorsqu’un enfant joue, il fournit un effort, et il en est heureux.
Par Bruno Lallement
Pour en savoir plus sur Bruno Lallement, l’auteur de ces balades