Le lâcher prise est une conséquence, non un but
Il existe aujourd’hui pléthore de livres sur le lâcher-prise et probablement autant de stages. La question est de savoir si nous avons réellement besoin d’apprendre à lâcher prise quand on sait qu’on ne peut le provoquer.
En effet, comment lâcher-prise si nous n’avons pas d’abord conscience que nous nous attachons inutilement ? C’est uniquement parce que nous avons pleinement conscience que nous nous « attachons » et que nous avons réalisé la vanité de cet attachement que nous allons lâcher-prise.
Pour le dire autrement, le lâcher-prise résulte d’une prise de conscience, non d’une décision volontaire.
Le lâcher prise, question d'acceptation
L’exemple le plus flagrant est celui du deuil. La personne passe par 5 étapes que sont le déni, la colère, le marchandage, la dépression puis enfin l’acceptation. C’est parce que la personne a cessé de lutter, qu’elle a fini par accepter, qu’elle trouve enfin la paix.
À la différence près, comme dans une relation, les personnes qui ne supportent pas la douleur de la séparation vont rapidement retrouver quelqu’un pour éviter ce processus de deuil. La peur de la souffrance et de la douleur leur sont tellement insupportables qu’elles préfèrent se réfugier dans une autre relation. Seulement, sans ce processus qui mène à l’acceptation, la personne va reprendre son histoire là où elle l’a laissée. La crainte de l’abandon demeurera en arrière-plan et continuera à nuire à leur sérénité et leur bonheur.
Un processus positif
Le deuil n’est pas un processus négatif bien au contraire. Il permet à l’individu de se libérer de ses projections et ses peurs les plus profondes. C’est grâce à ce processus qu’il peut s’acheminer vers une existence plus heureuse et plus libre.
Il en est de même pour nos émotions négatives.
Plutôt nous nous battons contre nos émotions négatives, nos peurs, nos doutes, plus nous les faisons exister. C’est au contraire en les acceptant pleinement, que nous allons pouvoir lâcher-prise et nous en défaire.
Le lâcher prise, question de conscience
Comme je l’ai dit plus haut, il est impossible de se libérer de ce dont nous ne sommes pas conscients. C’est parce qu’il est devenu clair pour nous que notre travail (par exemple) est devenu davantage une source de souffrance que de bonheur que nous allons enfin envisager de passer à autre chose. Il en est de même pour une relation devenue source de douleur et de difficultés. Nous avons de plus en plus conscience que ce que nous sommes en train de vivre n’a plus de sens que nous l’abandonnons, pas avant.
Plus nous amenons de la conscience dans notre vie, plus nous sommes en mesure de nous libérer de ce qui est source de souffrance. Cela est tout aussi vrai au niveau de nos pensées, de nos actes que de nos paroles.. Plus nous aurons une conscience claire que notre manière de penser, d’agir et de nous exprimer n’est pas ou plus en adéquation avec nos aspirations, plus nous serons capables de nous de les abandonner.
Voir à ce sujet l’article sur le moment présent
Autrement dit, le lâcher-prise ne se décide pas. Il s’impose à nous comme une évidence et une source de libération et de changement.
Se libérer de ses comportements invalidants
Shantideva, un sage tibétain disait : « Si vous avez un problème et que vous avez une solution, vous n’avez pas de raison de vous en faire. Mais si vous avez un problème et que vous n’avez pas de solution, vous n’avez pas plus de raisons de vous en faire ».
Autrement dit, s’inquiéter ne sert à rien et surtout n’apporte aucune solution constructive à la situation. Plus nous aurons ainsi conscience des limites de nos comportements et de nos attitudes, plus nous parviendrons à nous y renoncer.
Lâcher prise ce n'est pas démissionner
L’erreur serait de croire que renoncer est un processus négatif. Il sous-tend en effet l’idée de perdre, de démissionner ou de se décourager. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt de renoncer à ce qui est source de souffrance et, en l’occurrence, d’abandonner des modes de fonctionnement invalidants.
S’obstiner à suivre le même chemin alors que de toute évidence il ne conduit qu’à la souffrance, n’a jamais été une preuve de courage ni de persévérance.
Par Bruno Lallement
Pour en savoir plus sur Bruno Lallement, l’auteur de ces balades